Pour sa 7ème édition, le Parcours Saint-Germain prend son quartier à contre-pied et le transforme en labyrinthe. En espace de jeu. Pendant quinze jours, du 29 mai au 12 juin, une trentaine d’artistes nous invite, à travers Playtime, à jouer ou rejouer les meilleures scènes de notre enfance. Playtime, c’est toute une époque, une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un mystère qui n’aurait pas déplu à Jacques Tati, pour qui Playtime se devait d’ouvrir « une fenêtre, une baie sur ce qui nous entoure, que les gens se parlent carrément, se montrent les endroits, les objets : – Tiens regarde là, regarde… Quoi ? – T’as vu, regarde là, y a un avion qui fond ». Derrière les vitrines, un monde se joue, un monde où chaque détail a son importance, chaque objet compte. – Tiens regarde là, regarde. Quoi ? T’as vu, regarde là, y a des dés en lévitation, une cabane en papier, une muraille en Lego. – Quoi d’autre ? – Un Playmobil fait prisonnier par un rhinocéros. Et quoi d’autre ? – Regarde – Quoi encore ? – Ils parlent ! Le Playmobil nous demande de le libérer et de l’aider à se cacher dans une cabane. – Quoi ? – Mais si tu sais, dans une des cabanes planquées dans les arbres de la Place Saint-Germain-des-Prés. Celles de Kawamata. Évidemment ce dialogue pourrait continuer à l’infini tant les propositions sont nombreuses, tant les artistes aiment jouer et nous balader. Et puis, le quartier s’y prête. Il se transforme volontiers en labyrinthe. Transformant ses vitrines, nos points de repère, au gré de leurs envies. Et il nous perd. Pour peu que nous nous laissions prendre au jeu. Pour peu que, comme Monsieur Hulot, nous oubliions simplement que nous avons deux fois dix-huit ans. Encore faut-il ouvrir les yeux, poser des questions sans réserve et accepter les réponses pour ce qu’elles sont. Encore faut-il accepter de s’attarder sur des jouets, de simples jouets. Et accepter de les voir catapultés au rang de métaphore, celle d’un monde et de sa société qui tient le monde dans sa main.