Prendre la clé des champs à Saint-Germain-des-Prés et partir à l’assaut de l’art et des contes de fées : le Parcours Saint-Germain promet monts et merveilles à qui saura pousser les portes dérobées des grandes enseignes et lieux emblématiques du quartier. Des Blanche- Neige sulfureuses de Catherine Bäy à l’Alice démesurée du collectif 6bis ou au lapin géant de Christian Gonzenbach, le conte de fées nourrit l’art contemporain. « Les fées n’ont pas disparu. Elles ont juste changé de robe », commente Pierre Assouline. Avec Charles Perrault et ses successeurs (les frères Grimm, Andersen, Lewis Carroll, etc.) les contes de fées quittent l’âtre de la veillée populaire pour gagner la lumière et devenir genre littéraire, patrimoine culturel commun, source inépuisable d’imaginaire, objet de constantes réécritures. Et si le Frac Haute-Normandie postulait que les contes se terminent bien dans une exposition de 1996, le regard change dans les photographies d’Anna Gaskell ou avec l’artiste Alice Anderson, qui revisitent les contes pour révéler nos peurs et nos fantasmes. Ici, postures lascives et jambes d’Alice rappellent les poupées désarticulées de Hans Bellmer. Là, une interrogation sur notre identité sexuelle, sur la peur de l’abandon et de la mort se dessine à travers un Barbe-Bleue transgenre chez Rykiel. Sigmund Freud et Bruno Bettelheim sont passés par là

; plus question pour les artistes de s’en tenir à la trame narrative des contes. Par sa nature subversive, par son universalité et par son récit même, le conte de fées se prête naturellement à des transpositions, des réinterprétations. Chaque œuvre du Parcours Saint-Germain réécrit librement l’histoire des contes de fées, à partir de leurs thèmes canoniques, mais aussi des turpitudes et des angoisses qu’ils recèlent en eux. Une invitation à traverser le miroir, une fois, deux fois, mille et une fois.